Les spéculateurs immobiliers extraient 2,5 Mds € chaque année du système de santé et de soins français

La nouvelle étude sur le géant hospitalier Ramsay Santé révèle des pertes enregistrées par des hôpitaux privés, tandis que des bénéfices sont réalisés par d’autres filiales grâce aux loyers et aux commissions d’achat.

The report is also available here in English.

Une nouvelle étude réalisée conjointement par des enquêteurs financiers du Centre for International Corporate Tax Accountability and Research (CICTAR) et la CFDT Santé-Sociaux, publiée le mardi 21 janvier, révèle pour la première fois le coût pour les services de santé et les finances publiques des profits extraits par le secteur peu connu des fonds d’investissement immobilier de santé.

 
 

L'étude examine minutieusement les finances de Ramsay Santé, l'un des plus grands opérateurs d'hôpitaux et de cliniques en France, appartenant à la multinationale australienne Ramsay Healthcare Group. Elle révèle que :

  • Si des hôpitaux phares de Ramsay Santé comme l'Hôpital Privé d'Antony à Paris opèrent avec des déficits persistants, ils paient des loyers importants à des filiales de Ramsay Santé lui-même qui réalisent des bénéfices de ces loyers compris entre 40 et 60 pour cent ;

  • Ramsay a également créé une société interne qui reçoit des commissions de vente sur les achats de fournitures et de services de tous ses hôpitaux et cliniques : alors que les coûts d'achat pour ces cliniques et hôpitaux peu rentables ont augmenté de manière significative au cours des cinq dernières années, Ramsay Santé réalise des bénéfices annuels compris entre 67 et 85 % sur ces commissions de vente.

Le rapport ne fait aucune accusation d'irrégularité : ces stratégies sont courantes dans le secteur privé de la santé. Mais alors que Ramsay Santé est en mesure d’utiliser ces flux de bénéfices internes pour garantir des emprunts qui lui ont permis de se développer à l'international, les travailleurs des hôpitaux et cliniques français apparemment non rentables sont perdants, puisque les pertes persistantes des établissements diminuent les primes d'intéressement et de participation du personnel.

Ces flux de bénéfices internes sont eux-mêmes éclipsés par les bénéfices provenant du partenariat de Ramsay Santé avec d'importants fonds d'investissement immobiliers de santé. Le rapport constate que des partenariats de « sale and leaseback » (vente et crédit-bail) permettent à des investisseurs spécialisés dans l'immobilier de santé d’extraire plus de 245 millions d’euros par an auprès des opérations des hôpitaux et cliniques de Ramsay Santé sous forme de loyers : ce qui depuis 2020 représente environ 4,2 fois le bénéfice net du groupe, qui devient lui-même de moins en moins rentable.

Au niveau national, l’étude fournit la première estimation publiée pour le coût de cette extraction de bénéfices immobiliers pour le système de santé français, basés sur un audit des comptes des fonds immobiliers.

  • Le montant versé par les EHPAD, hôpitaux et cliniques privés en France aux investisseurs immobiliers privés en 2023 pourrait s’élever à environ 2,5 milliards d’euros, soit l’équivalent des salaires annuels de plus de 82 000 infirmiers.

  • Ce chiffre est presque certainement sous-estimé, car de nombreux hôpitaux, cliniques et EHPAD publics paient également des loyers aux investisseurs tiers.

Nos recherches montrent que des milliards d’euros coulent chaque année hors du système de santé et de soins vers des investisseurs immobiliers spécialisés dans ce secteur, avec l’aide d’entreprises comme Ramsay Santé. Ces investisseurs ne paient généralement rien pour l’entretien ou les autres coûts des bâtiments. Leurs profits, alimentés en grande partie par les fonds publics et qui bénéficient d’allègements fiscaux en France et ailleurs en Europe, sont faramineux : nous avons trouvé que les investisseurs des quatre plus grands fonds reçoivent entre 41 et 129 % des revenus locatifs du fonds sous forme de dividendes — des niveaux de profits qui font paraître Apple ou Google relativement modestes.
— Mike Lewis, chercheur financier du CICTAR
Quand l’état donne 1€ dans le secteur privé lucratif, on ne sait pas où il va !
— Ève Rescanières, Secrétaire Générale de la CFDT santé-sociaux

CFDT Santé-Sociaux et CICTAR ont envoyé une liste détaillée des allégations incluses dans ce rapport à Ramsay Santé, Praemia et Confinimmo. Leurs réponses complètes sont fournies ci-dessous. Nous avons également contacté BNPP REIM (Paribas), qui n’a pas répondu. Le rapport publié inclut leurs commentaires, le cas échéant.

 

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